Le spectacle que nous vous proposons cherche à faire découvrir à un jeune public la notion de la dualité de l’être et de son existence, du paraître et de la réalité, du ressenti et du raisonné. A partir de deux contes, Le voleur d’ombre de Robert Arnaut et L’étrange histoire de Peter Schlemihl de Adelbert von Chamisso, nous aborderons différentes formes de cette dualité par l’intermédiaire d’allégories sur l’ombre.
Les moyens scéniques
Ce spectacle joue sur la perception de la réalité, ce qui est vrai ou irréel aux yeux du spectateur. Grâce à une structure adaptée et par des jeux de lumière et d’écrans amovibles, nous créons un théâtre d’ombre tout en dévoilant aussi l’envers du décor.
Ainsi le spectateur perçoit une réalité qui peut se transposer dans un monde imaginaire. Ces ombres sont mélangées à différentes techniques de projection – diapositives, rétro-projections – afin d’enrichir cette représentation d’un monde tantôt virtuel, tantôt réel ou les deux ensemble parfois. Ceci afin de mettre en place un monde féerique, où le spectateur construit sa propre perception de l’univers qui est créé devant lui.
Dans cette même représentation de la dualité, Peter Schlemihl, le personnage principal du spectacle, est interprété par une marionnette grandeur nature. Les manipulateurs ne sont plus dans l’ombre de leur marionnette mais à vue du public, mettant le doute au spectateur : qui manipule l’autre ? De même les autres personnages interprétés ont tous une particularité dans leurs déplacements et leur gestuelle afin de les rendre moins humains ou tout du moins, mettre un doute sur leur réalité.
Le conteur, Adelbert von Chamisso, l’auteur du conte lui-même, est aussi sur scène à travers l’écran d’une télévision, ou plutôt, à travers un bocal, un aquarium sans eau. Il fait partie intégrante de la scène, ayant régulièrement des interactions avec les comédiennes afin que le spectateur le perçoive comme un être réel, enfermé dans une cage de verre.
Un dispositif technique permet aux comédiennes de mettre en place, au vu du public, les lumières, les effets scéniques, les vidéos, l’univers sonore… Le spectateur est ainsi témoin de la réalité de l’envers du décor, et tout à la fois du spectacle en lui-même, le virtuel.
Il permet aussi de pouvoir jouer ce spectacle dans des lieux autres qu’une salle de théâtre, avec juste l’obscurité comme élément indispensable.
L’expressionnisme comme base scénographique
Dans notre recherche culturelle sur le thème de l’ombre, et dans l’adaptation du conte de Adelbert von Chamisso, auteur franco-allemand, l’expressionnisme, créé dans la première partie du XX° siècle en Allemagne, est devenu évident comme élément de travail scénographique du spectacle. Ce mouvement qui influença une grande partie de la culture mondiale, au niveau littéraire, pictural, théâtral et cinématographique, est la projection d’une subjectivité qui tend à déformer la réalité pour inspirer au spectateur une réaction émotionnelle. Les représentations sont souvent fondées sur des visions angoissantes, déformant et stylisant la réalité pour atteindre une plus grande intensité expressive.
L’expressionnisme est la base de la forme de ce spectacle au niveau scénique : du décor et du jeu des comédiens jusqu’aux créations des chansons.
Enfin, tous les moyens sont bons – de la vidéo, du théâtre d’ombre, des marionnettes, de la danse et des chansons – pour plonger dans cette notion philosophique de la dualité de manière parfois humoristique, en tous cas légère, souvent ludique, et même féerique…